Bitdefender a, depuis maintenant trois ans, dédié une équipe commerciale à la région Maghreb et notamment l’Algérie qui représente un axe essentiel au développement de notre activité dans cette zone. Nous nous appuyons sur des partenariats historiques (distributeurs et revendeurs) pour asseoir notre visibilité auprès des entreprises et administrations algériennes. Nous gagnons des parts de marché et comptons déjà parmi nos clients, plusieurs grandes institutions et entreprises comme le Ministère des Transports, la SETRAM, le Métro d’Alger, l’Entreprise Nationale des Granulats ou encore la SONATRACH. Les forts développements technologiques en Algérie, autour des datacenters et de la virtualisation constituent de réelles opportunités pour positionner nos solutions de sécurité très innovantes dans ces domaines. Nous bénéficions d’une importante crédibilité, notamment auprès des grandes structures qui se réfèrent beaucoup aux résultats des tests des organismes indépendants tels qu’AV-TEST, AV-Comparatives et Virus Bulletin, tests qui nous placent en tête, ces cinq dernières années.
Dans la région Maghreb, le marché algérien est-il consistant ?
Nous sommes pour l’instant un challenger en Algérie, car nous avons commencé à y investir plus tardivement. L’Algérie représente pour nous un marché à forte croissance. Au-delà de notre propre position actuelle, le taux d’équipement en solutions de sécurité n’a pas encore atteint les taux constatés en Europe ou aux États-Unis, d’autant plus si l’on tient compte des solutions pirates parfois même installées en entreprises, lesquelles seront progressivement régularisées. Nous voyons donc l’Algérie comme un pays à fort potentiel pour les années à venir et ayant vocation à devenir notre principal marché au Maghreb.
Bitdefender participe régulièrement au Med-IT d’Alger. Comment, d’après-vous, évolue l’intérêt des visiteurs pour la question de la sécurité informatique ?
Au travers de différentes manifestations telles que le salon MED-IT ou le FORUM SIT, nous rencontrons un ensemble de décideurs réellement sensibles aux enjeux et problématiques liés à la sécurité en général et notamment à l’évolution des différentes formes de codes malveillants. Parfois experts d’un domaine précis ou simplement confrontés à une problématique liée à leurs infrastructures hétérogènes, les visiteurs de ces salons, qu’ils soient ingénieurs, chefs de projets, DSI ou RSSI, discutent spontanément et ouvertement avec nos ingénieurs.
Dans quel segment êtes-vous le plus présents en Algérie : entreprises ou grand public ?
La répartition de notre chiffre d’affaires est assez équilibrée entre ces deux segments en Algérie. Nos technologies antimalwares protègent plus de 500 millions d’utilisateurs dans près de 200 pays, du particulier jusqu’aux plus grandes entreprises internationales dans des secteurs stratégiques comme la défense, les transports, l’énergie ou le milieu bancaire. Nous consacrons un budget conséquent en R&D au développement de nouvelles technologies, à innover et à introduire des solutions adaptées à chaque typologie de clients. Nous n’avons jamais souhaité adapter des solutions dédiées au grand public pour résoudre des problématiques d’entreprises. Nous avons pris le temps de développer des solutions dédiées aux entreprises de toutes tailles et ainsi répondre mieux que nos concurrents aux nouveaux enjeux des directions informatiques : virtualisation, cloud, environnements hybrides en particulier. Nous sommes précurseurs dans ces domaines et avons acquis une expertise que nos concurrents nous envient.
Pour autant, nous continuons d’investir sur le marché grand public et lançons chaque année de nouvelles versions innovantes et performantes. En Algérie, le marché grand public est adressé par un important réseau de revendeurs indépendants. Si cela demande du temps de convaincre ces revendeurs et chaînes de distribution de changer leurs habitudes et de construire de nouvelles relations avec un nouvel éditeur, nous sommes malgré tout très confiants, aidés en cela par des distributeurs locaux et notre réputation technologique grandissante.
Avez-vous une idée sur la part du piratage de Bitdefender en Algérie ?
Il est impossible d’avoir des données précises sur le sujet mais nous avons pris un certain nombre de mesures techniques ces dernières années pour réduire cela, en gardant comme limite le fait que nos procédures de protection ne puissent en aucun cas devenir contraignantes pour nos utilisateurs légaux. Ces derniers bénéficient par ailleurs d’un support technique gratuit et de l’accès direct et gratuit aux nouvelles versions pendant toute la durée de leur abonnement. Nous avons aussi fait le choix d’adapter notre politique tarifaire à la réalité de chaque marché que nous adressons, plutôt que d’avoir une approche « internationale » et donc éloignée des réalités. Cela contribue aussi à réduire le taux de piratage.
La question de la sécurité numérique occupe-t-elle une bonne place dans les médias ?
La généralisation de l’accès à Internet, le taux d’équipement en terminaux mobiles en forte croissance, l’arrivée en force de nombreux appareils connectés (« Internet des objets »), nous rendent chaque jour plus vulnérables aux attaques. Ce qui compromet le respect de notre vie privée, et ouvre de nouveaux points d’entrées potentiels pour compromettre la sécurité des entreprises. L’impact des codes malveillants et des attaques informatiques en général sera de plus en plus important sur nos vies quotidiennes dans les années à venir. Nous commençons à l’entrevoir avec de récentes cyber-attaques ayant généré des pannes électriques en Ukraine ou le blocage d’un hôpital aux États-Unis. Ces cas très concrets amènent les médias généralistes dans le monde entier, et notamment en Algérie, à s’emparer davantage de ces sujets. Ils participent ainsi à la sensibilisation de chacun. Le facteur humain étant aujourd’hui l’un des principaux « points faibles » des systèmes de protection en place.
Quelle est la part de vos ventes dans le segment mobile ?
Le pourcentage d’utilisateurs de mobile s’équipant de solutions de protection reste encore très faible et ce bien au-delà du seul marché algérien. Il y a un manque de sensibilisation des utilisateurs sur les risques encourus via ces appareils, alors même que l’usage qui en est fait est très proche de celui d’un ordinateur : consulter ces comptes en ligne, transférer de l’argent, accéder et utiliser les réseaux sociaux, stocker des données et informations personnelles sensibles, etc. Les mobiles sont donc devenus une cible majeure pour les cyber-attaques avec désormais plus de 10 millions de codes malveillants touchant Android selon AV Test. Pour participer à l’éducation du marché et lever certains freins, nous avons choisi sur ces plates-formes de proposer une solution de protection gratuite, Bitdefender Antivirus Free for Android, accessible via Google Play apportant une protection de base. Pour des besoins plus avancés, il existe une version payante plus complète.
Sur les publications de vos concurrents, on cite régulièrement l’Algérie comme un des pays les plus sujets à des attaques informatiques, notamment par le phishing et autres malwares. Avez-vous vos propres données ?
Nous n’avons pas de statistiques détaillées concernant l’Algérie. Il est, d’ailleurs, très difficile de faire ce genre de classement sans biais statistique et donc d’être fiable. La question à nos yeux n’est pas tant de savoir comment se positionnerait l’Algérie dans un tel classement « virtuel » mais plutôt de se demander si l’Algérie pourrait pour quelque raison que ce soit être moins attaquée qu’un autre. On peut, pour simplifier, classer les menaces en deux grandes catégories : les attaques de masse et les attaques ciblées. Les attaques de masse, par définition, sont susceptibles de toucher n’importe qui à travers la planète à partir du moment où il dispose d’une connexion Internet. Les attaques ciblées sont motivées soit par l’appât du gain (en ciblant des entreprises importantes) soit par des motivations « géopolitiques ». L’Algérie a un nombre croissant de personnes connectées à Internet en haut débit, a un taux d’équipement mobile élevé, dispose de quelques grandes entreprises stratégiques, notamment dans le domaine de l’énergie, et est active sur la scène diplomatique internationale. Autrement dit le pays est une cible pertinente pour les auteurs de codes malveillants à l’échelle mondiale. L’Association Algérienne de la Sécurité des Systèmes d’Information (AASSI) a pleinement conscience de ces risques et a commencé un bon travail de sensibilisation des décideurs aux risques liés aux cyber-menaces, que ce soit au niveau des administrations publiques ou des grandes entreprises d’État